Maître Capello said:
Ce qui me chiffonne avec cet argument est que vous employez le sens de toute la phrase pour accorder le participe passé
En effet, je pense que c’est indispensable pour déterminer le sens de vivre.
Maître Capello said:
Pourquoi pas ? Cette phrase est tout à fait possible.
Peut-être, bien qu’elle me gratte un peu l’oreille, cependant, voir ce qui suit.
Maître Capello said:
comment accorderiez-vous le participe dans l'exemple suivant
Si je reste sur ma logique, j’accorde – mais je sais que dans ce cas, l’accord n’est plutôt pas fait.
En fait à y mieux réfléchir, il me semble que souvent les deux interprétations sont possibles pour un même énoncé, en cela, je rejoins (au moins pour partie) l’analyse faite dans n’écris pas comme tu chattes (voir ici E2743 bis 7° > REM.)*.
Chaque fois qu’on peut substituer passer à vivre, le complément s’analyse comme un COD et chaque fois qu’on peut introduire pendant lequel, le complément s’analyse comme un complément de mesure.
Je repense aux dix années que j’ai vécu dans cette région.
= Je repense aux dix années pendant lesquelles j’ai vécu dans cette région.
Je repense aux dix années que j’ai vécues dans cette région.
= Je repense aux dix années que j’ai passées dans cette région.
Et du coup, cette double interprétation serait également possible pour :
Les dix années que j'ai vécu(es) dans cette région ont été interminables.
:
= Les dix années pendant lesquelles j’ai vécu dans cette région ont été interminables.
:
= Les dix années que j’ai passées dans cette région ont été interminables.
Cette double interprétation serait encore valable pour Les dix années que j’ai vécu(es) dans cette région m’ont été profitables, si on accepte Les dix années pendant lesquelles j’ai vécu dans cette région m’ont été profitables qui pour moi passe malgré tout moins bien que Les dix années que j’ai passées dans cette région m’ont été profitables.
Si je fais un autre test (substituer vieillir ou exister à vivre), je trouve également que pour cette dernière phrase le complément de mesure est moins acceptable que pour les deux précédentes.
Vivre dans son sens propre, c’est vieillir / exister, l’avantage de ces verbes, c’est qu’ils ne sont jamais transitifs, si on les substitue à vivre, ça fonctionne très bien pour le premier cas (même si c’est un peu bizarre, parce qu’on ne dit guère pour un humain vieillir / exister x années), ça passe pour le deuxième, mais pour le dernier je trouve que c’est franchement limite.
J’ai vécu / vieilli / existé dix années dans cette région.
J’ai vécu / vieilli /existé dix années interminables dans cette région. ( )
J’ai vécu / vieilli / existé dix années qui m’ont été profitables dans cette région.
Si j’insère pendant mais cette fois sans détacher le complément en tête de phrase, je trouve la dernière phrase encore plus franchement limite :
J’ai vécu pendant dix années dans cette région.
J’ai vécu pendant dix années interminables dans cette région. (Ça me semble encore mieux si interminables précède années.)
J’ai vécu pendant dix années qui m’ont été profitables dans cette région.
Dans la troisième phrase, il me semble que vivre équivaut davantage à expérimenter / éprouver (on fait l'accord) que exister / vieillir (on ne fait pas l'accord).
Bonus
Dans La vie de patachon qu’il a vécue, on fait l’accord, je pense que vous acquiescerez.
Et comment accorderiez-vous Les 20 années de vie de patachon qu’il a vécu(…) ?
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* C’est apparemment aussi la position de Grevisse, mais je n’ai pas la référence directe, simplement une citation extraite d’un autre site :
En effet, « vivre » est traité par beaucoup de grammairiens comme un verbe transitif signifiant « passer, mener » quand on envisage, non pas la durée en elle-même, mais la nature, la qualité de ce qui a été expérimenté au cours de cette période.
P 947 b